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seur de la cuisse. Il avait observé que, dans la Norwége comme dans le Groënland, la côte orientale est plus chaude que l’occidentale, et que par conséquent les arbres y croissent plus aisément, et deviennent plus gros ; ce qui porte à croire que ce bois flottant vient du Groënland.

Le 5 juillet, les Anglais des deux vaisseaux commencèrent à découvrir ces montagnes de glace qu’on trouve en tout temps proche du détroit d’Hudson. Elles sont d’une grosseur si monstrueuse, qu’on leur attribue ici jusqu’à quinze ou dix-huit cents pieds d’épaisseur. Plusieurs voyageurs ont tenté d’expliquer comment elles se forment ; et le nôtre embrasse le sentiment du capitaine Middleton. Ce pays, lui fait-il dire, est fort élevé le long des côtes de la baie de Baffin, du détroit d’Hudson, etc. ; il l’est de cent brasses, ou plus, proche de la côte. Ces côtes ont quantité de golfes, dont les cavités sont remplies de neige, de glace, et gelées jusqu’au fond, par un froid dont le règne est continuel. Les glaces s’y accumulent pendant quatre, cinq ou six ans, jusqu’à ce qu’une espèce de déluge terrestre, qui arrive communément à ces périodes, les détache et les entraîne dans le détroit ou dans l’Océan, où elles suivent la direction des vents variables et des courans pendant les mois de juin, de juillet et d’août. Ces montagnes augmentent en masse plutôt qu'elles ne diminuent, parce qu’à l’exception de quatre ou cinq points de leur circonférence, elles sont entourées de