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Le rat musqué a tant de ressemblance avec le castor, qu’à l’exception de la queue, qu’il n’a pas moins longue que celle des rats d’Europe, et des testicules, qui renferment un musc exquis, on le croirait un diminutif de la même espèce : il a toute la structure du corps, et surtout la tête du vrai castor. On lui trouve aussi beaucoup de rapport avec le rat des Alpes. Son poids est d’environ quatre livres. Il se met en campagne au mois de mars, et sa nourriture alors est de quelques morceaux de bois, qu’il pile avant de les manger. Après la fonte des neiges, il vit de racines d’orties, ensuite des tiges et des feuilles de la même plante. En été, il ne mange guère que des fraises et des framboises, auxquelles succèdent d’autres fruits pendant l’automne. Dans ces deux dernières saisons on voit rarement le mâle sans sa femelle. Mais à l’entrée de l’hiver ils se séparent, et chacun fait de son côté son logement dans un trou, ou dans le creux d’un arbre, sans aucunes provisions. On assure que pendant toute la durée du froid ils demeurent sans manger.

Les rats musqués bâtissent des cabanes à peu près de la forme de celles des castors ; mais on y remarque beaucoup moins d’art. Leur situation ne demande point de chaussée, parce qu’elle est toujours au bord de l’eau. Le poil du rat musqué entre dans la fabrique des chapeaux avec celui du castor. Sa chair est de fort bon goût, excepté dans le temps qu’il recher-