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qu’au contraire il devait rester beaucoup d’espérance au nord-ouest de la baie d’Hudson. Dobbs publia un nouvel ouvrage, où tous les argumens favorables à cette opinion furent soigneusement recueillis. À l’objection que les golfes qui promettaient le plus avaient été visités, et qu’on n’y avait trouvé que des baies et des rivières, il répondit qu’ils n’avaient pas été visités tous ; et que, si l’on en avait reconnu un grand nombre sans y avoir trouvé le passage, il n’en était que plus probable qu’il existait dans quelque autre, parce qu’il en paraissait plus impossible que des masses d’eau, qui font monter si haut les marées dans ces rivières et ces baies, n’eussent pas de communication avec quelque autre océan. Enfin tout fut réduit à ce dilemme : le passage existe, ou il n’existe pas. S’il existe, tout le monde convient que l’avantage extrême qu’il y aurait à le découvrir ne permet pas d’abandonner cette recherche ; s’il n’existe pas, la recherche est inutile ; mais on doit convenir aussi qu’elle est nécessaire pour s’assurer de son inutilité.

Les argumens de Dobbs eurent tant de poids pour la nation anglaise, que le gouvernement même, après une mûre délibération, résolut d’encourager l’entreprise, et promit un prix de vingt mille livres sterling pour la découverte ; sur ce seul principe, que le gain devait être immense dans le cas du succès, et les pertes bornées dans la plus désavantageuse supposition. On ouvrit une souscription de dix mille