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plus, quoiqu’on tînt la mer pendant tout le mois d’août pour attendre leur retour. Enfin le capitaine, désespérant de les retrouver, et jugeant la saison trop mauvaise pour tenir plus long-temps la mer, prit le parti de s’en retourner. Dans sa traversée, il eut pendant plusieurs jours la vue de terres fort éloignées.

Ils approchèrent, le 20 novembre, fort près d’une côte montagneuse et couverte d’herbes ; mais ils n’aperçurent point de bois. Les rochers qui étaient sous l’eau et sur les bords de la côte ne leur permirent point d’y aborder ; mais étant entrés dans un golfe, ils y virent des habitans, dont plusieurs vinrent à eux, chacun dans un petit bateau, tel qu’on représente ceux des Groënlandais ou des Esquimaux. Ils ne purent entendre leur langage. La latitude de ce lieu fut observée de 51° 12′ ; et sa différence de longitude au port d’Avatcha, où ils retournèrent, fut déterminée de près de 12°.

Pendant tout le cours de ce voyage, qui avait déjà duré plus de trois mois, la plupart des gens de l’équipage avaient été attaqués du scorbut, et en étaient morts. Le capitaine Tchiricoff et Delisle n’en furent point exempts. Le second y succomba, et mourut le 22 octobre, une heure après être arrivé au port, d’où il était parti plus de quatre mois auparavant. Le capitaine, quoique extrêmement mal, eut le bonheur de se rétablir. Tel fut le succès de cette navigation.

Des Russes hasardèrent, en 1731, de s’em-