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qui le renvoya au port d’où il était parti. Il n’a pas fait depuis d’autres tentatives pour la recherche de cette terre prétendue.

» À son retour, il m’apprit de bouche, à Pétersbourg, ce qu’il n’a pas dit dans sa relation ; savoir, que dans son voyage le long de la côte orientale de l’Asie, entre le 50 et le 60°, il avait eu tous les indices possibles d’une côte ou d’une terre à l’est. Ces indices sont : 1o. de n’avoir trouvé, en s’éloignant de ces côtes, que peu de profondeur et des vagues basses, telles qu’on les trouve ordinairement dans les détroits ou bras de mer, bien différentes des hautes vagues qu’on éprouve sur les côtes exposées à une mer fort étendue ; 2o. d’avoir trouvé des pins et d’autres arbres déracinés qui étaient amenés par les vents d’est, au lieu qu’il n’en croît point dans le Kamtchatka ; 3o. d’avoir appris des gens du pays que le vent d’est peut amener les glaces en deux ou trois jours, au lieu qu’il faut quatre ou cinq jours de vents d’ouest pour les emporter de la côte nord-est de l’Asie ; 4o. que certains oiseaux viennent régulièrement tous les ans dans les mêmes mois, du côté de l’est, et qu’après avoir passé quelques mois sur les côtes de l’Asie, ils s’en retournent aussi régulièrement dans la même saison.

» Beering et son lieutenant observèrent au Kamtchatka deux éclipses de lune dans les années 1728 et 1729, qui me servirent à déterminer la longitude de cette extrémité orien-