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si malheureuse expédition, le plus grand chagrin de Wood fut d’avoir perdu avec son vaisseau toutes ses recherches sur le pôle magnétique et sur les propriétés de l’aimant.

Après Wood, on met sur la scène une nation que ses avantages naturels auraient pu faire prétendre plus tôt à la même gloire. Il est certain que, par leur situation au nord de l’Europe, et par l’habitude de supporter le froid, qui est le principal obstacle à vaincre, les Russes ont toujours eu des facilités qui ne sont pas les mêmes pour d’autres navigateurs, et qui devaient en faire attendre une émulation moins tardive. Mais il n’est pas difficile de deviner les causes de cette lenteur avant le règne de Pierre-le-Grand, qui a commence le premier à les faire sortir de la barbarie. C’est à ce grand prince qu’on est redevable des efforts qu’ils ont faits sous le règne suivant pour reconnaître les bornes de la Tartarie au nord-est, et pour vérifier si cette vaste contrée n’était pas contiguë à l’Amérique. Delisle a donné une courte relation de leurs entreprises. Il n’y a rien à supprimer dans un mémoire si curieux, et l’auteur ayant eu beaucoup de part à ces expéditions par lui-même et par son frère, on croit devoir le faire parler dans ses propres récits.

« Ce fut, dit-il, à la fin de janvier 1725, que Beering, Danois de nation et fort habile marin, reçut de Pierre-le-Grand des ordres qui lui furent confirmés en plein sénat le 5 fé-