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faire des caves sous terre, pour s’y mettre à couvert de la gelée. Dans tous les autres climats, la neige se fond plus tôt au bord de la mer : ici, au contraire, la mer bat contre des montagnes de neige, quelquefois aussi hautes que les plus hauts promontoires de France et d’Angleterre. Elle a creusé fort loin par-dessous ; ces grandes masses sont comme suspendues en l’air, et forment un spectacle affreux. Wood ne doute point que cette neige ne soit aussi ancienne que le monde. Il ne trouva rien dans le pays que de gros ours blancs et les traces de quelques bêtes fauves, avec de petits oiseaux semblables à l’alouette. À chaque quart de mille on rencontre un petit ruisseau dont l’eau, quoique fort bonne, ne lui parut que de la neige fondue qui découle des montagnes. Vers la mer, où ces ruisseaux tombent, on voit, dans les lieux qu’ils ont découverts, du marbre noir à raies blanches, et de l’ardoise sur quelques montagnes intérieures.

Wood donne le nom Speedill à la pointe où il fit naufrage. Elle est par le 74° 30′ de latitude, et le 63° de longitude à l’est de Londres. La marée porte directement à la côte ; nouvelle preuve, au jugement de Wood, qu’il n’y a point de passage par le nord. L’eau de la mer, près de la glace et de la terre, est la plus salée, la plus pesante et la plus claire qu’il y ait au monde. À quatre-vingts brasses d’eau, qui font quatre cent quatre-vingts pieds, on voit parfaitement le fond et le coquillage. Dans une