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pendant neuf jours nous n’eûmes que des brouillards, de la neige et de la pluie. Nous étions réduits au dernier désespoir, lorsque, l’air s’éclaircissant le 8 juillet, nous découvrîmes avec une joie inexprimable la pinque du capitaine Flawes. Un grand feu que nous allumâmes aussitôt lui fit soupçonner notre infortune. Il nous envoya sa chaloupe, qui nous transporta successivement à bord ; mais, avant de m’embarquer, j’écrivis une courte relation de notre voyage et du malheur qui nous était arrivé ; je l’enfermai dans une bouteille de verre, et je la suspendis à un poteau, dans le retranchement où nous avions été menacés de trouver notre tombeau. La crainte d’être surpris par de nouveaux brouillards nous y fit laisser tout ce que nous avions sauvé du vaisseau. »

Le nom de Novaïa-Zembla, Nouvelle-Zemble, que les Russes ont donné à cette terre sauvage, signifie nouvelle terre dans leur langue. C’est, dit-il, la plus misérable portion du globe terrestre. Elle est presque généralement couverte de neige ; et dans les lieux où l’on n’en trouve point, ce sont des abîmes inaccessibles, où il ne croît qu’une sorte de plante basse et touffue, qui porte de petites fleurs bleues et jaunes. Après avoir creusé plusieurs pieds en terre, on n’y rencontre que de la glace aussi dure que le marbre ; phénomène unique, et qui tromperait beaucoup ceux qui s’imaginent qu’en hivernant sur cette côte on pourrait