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croyait à l’ouest-nord-ouest de la Nouvelle-Zemble ; erreur qui fut la source du mal. Le capitaine Flawes, qui avait suivi le Speed-well avec la pinque la Prospère, tira un coup de canon pour avertir qu’on touchait aux glaces. Cet avis faillit causer tout à la fois la perte des deux bâtimens, par le danger où ils furent de s’entrechoquer en s’efforçant de virer de bord ; mais le Speed-well fut le seul malheureux. Dans son mouvement il toucha sur un écueil, tandis que la pinque prit le large. Wood employa inutilement, pendant trois ou quatre heures, toutes les ressources de la navigation. Cependant, lorsqu’il n’attendait plus que la mort avec tout son équipage, il fut un peu consolé par la vue de la terre, que la brume lui avait dérobée jusqu’alors. Quelques-uns de ses gens, qu’il y envoya aussitôt dans la chaloupe pour chercher quelque moyen d’aborder, trouvèrent la côte inaccessible ; mais d’autres, plus hardis ou plus heureux, passèrent sur des monts de glace et de neige, et descendirent au rivage. Il en coûta la vie à deux ou trois hommes ; et la pinasse à laquelle on fit prendre le même chemin, chargée d’armes à feu et de provisions, fut renversée par une vague qui l’abîma dans les flots. Enfin la chaloupe étant revenue à bord, Wood eut la satisfaction d’y embarquer successivement tout ce qui lui restait de monde, à l’exception d’un seul matelot qui fut laissé pour mort, et de prendre terre au travers des glaces. Le vaisseau se brisa