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trouvait un cap de glace, et dès qu’il l’avait doublé, il ne découvrait point de glace au nord ; mais, après avoir porté au nord-est quelquefois l’espace d’une heure, il en découvrait de nouvelles qui l’obligeaient de changer sa direction. Cette manœuvre dura aussi long-temps qu’il rangea la glace, tantôt avec de grandes apparences de trouver une mer libre tantôt découragé par la vue de nouvelles glaces, jusqu’à ce qu’enfin il perdit tout espoir en apercevant la Nouvelle-Zemble et la glace qui s’y trouve jointe. Là, dit-il, il abjura l’opinion de Barentz, et toutes les relations publiées par les Hollandais et les Anglais. L’opinion à laquelle il s’attacha fut que, s’il n’y a point de terres au nord par le 80° de latitude, la mer y est toujours gelée ; et quand les glaces pourraient se transporter à 10° de plus au sud, il faudrait, ajoute-t-il, des siècles entiers pour les faire fondre. Celles qui bordent ce qu’il nomme le continent de glace n’ont pas plus d’un pied au-dessus de l’eau ; mais au-dessous elles ont plus de dix-huit pieds d’épaisseur : d’où il conclut que, dans la même proportion, les montagnes et les caps qui sont sur le continent de glace doivent toucher au fond, c’est-à-dire à la terre même.

Le naufrage de Wood forme une peinture intéressante, et contient aussi d’utiles observations. Il se trouvait le 29 juin au matin entre quantité de glaces. Tout ce jour le temps fut embrumé, et le vent à l’ouest. On se