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tudes ; mais ayant la modestie de reconnaître que toutes ses expériences ne pouvaient lui donner la certitude qu’il aurait acquise sous le pole du monde, cette seule raison eut beaucoup de force pour lui, faire tenter la découverte du passage. Aussi, lorsqu’il eut exposé ses motifs à la cour, avec une carte du pole, dressée sur les relations de tous les navigateurs qui avaient entrepris la même recherche, il obtint sans difficulté la frégate le Speed-well, qui fut équipée aux frais du roi.

Il partit le 28 mai 1676. Son journal jusqu’au 29 de juin, jour de son naufrage, ne contient que des observations nautiques : mais il est terminé par quelques remarques qui ne méritent pas moins d’être recueillies que les précédentes.

Sa première idée fut de suivre sans exception le sentiment de Barentz, c’est-à-dire de porter droit au nord-est du-cap Nord, entre le Groënland et la Nouvelle-Zemble ; il gouverna donc dans cette direction, du moins suivant le compas, et non tout-à-fait suivant la droite route, parce qu’en cet endroit on trouve quelque variation à l’ouest. Trois jours après il reconnut comme un continent de glace, par le 76° de latitude, à la distance d’environ soixante lieues à l’est du Groënland. Il ne douta point que ce ne fût celle qui est jointe au Groënland, et, s’imaginant que, s’il allait plus à l’est, il pourrait trouver une mer libre, il rangea cette glace. Presqu’à chaque lieue il