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seau qui entreprit cette route ayant fait naufrage sur la côte de Corée, presqu’île de la Chine, tout l’équipage tomba dans la servitude ; mais l’auteur de la relation se sauva au Japon, après seize ans d’esclavage, et rapporte que de temps en temps la mer jette sûr les côtes de Corée des baleines qui ont sur le dos des harpons anglais et hollandais : un fait de cette nature ne laisserait aucun doute du passage. La quatrième raison m’avait été fournie par Joseph Moxons, homme de mer anglais, qui avait entendu dire à des Hollandais dignes de foi qu’ils avaient été jusque sous le pôle, et que la chaleur y était égale à celle d’Amsterdam en été. Ma cinquième raison était fondée sur une relation du capitaine Golden, qui avait fait plus de trente voyages au Groënland. Il raconte qu’étant dans cette contrée, il alla avec deux vaisseaux hollandais à l’est de l’île d’Edges, et que, n’ayant point trouvé de baleines sur cette côte, les deux Hollandais résolurent d’aller plus loin au nord pour faire leur pêche entre les glaces ; qu’après une séparation de quinze jours ils revinrent le joindre, et l’assurèrent qu’ils avaient été jusqu’au 89e. degré de latitude, c’est-à-dire, à un degré du pole ; et que là ils avaient trouvé une mer libre et sans glaces, ouverte, profonde, et semblable à celle de Biscaye. Golden paraissant douter de ce récit, les Hollandais lui montrèrent les journaux des deux vaisseaux qui attestaient le même fait, et qui s’accordaient presque entièrement. Ma