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de cet animal est de grimper sur un arbre, où, se couchant de son long sur une branche avancée, il attend qu’un orignal passe, et saute dessus lorsqu’il le voit à portée.

Le bœuf du Canada ou bison est plus grand que celui de l’Europe. Il a les cornes basses, noires et courtes ; deux grandes touffes de crin, l’une sous le museau, et l’autre sur la tête, d’où elle lui tombe sous les yeux, ce qui lui donne un air hideux. Il a sur le dos une bosse qui commence sur les hanches, et va toujours en croissant jusque sur les épaules. Toute la bosse est couverte d’un poil fort long, un peu roussâtre, et le reste du corps d’une laine noire qui est fort estimée. On assure que la dépouille d’un bœuf est de huit livres de laine. Ces animaux ont le poitrail fort large, la croupe assez fine, et la queue fort courte. On ne leur voit presque point de cou, mais leur tête est plus grosse que celle des nôtres. Ils fuient ordinairement à la vue d’un homme, et celle d’un chien leur cause la même frayeur. Ils ont l’odorat si fin, que, pour s’approcher d’eux à la portée du fusil, on est obligé de prendre le dessous du vent ; mais un bœuf qui se sent blessé devient furieux et se précipite sur les chasseurs : il n’est guère plus traitable lorsque les vaches ont mis bas leurs veaux. La chair du taureau est de fort bon goût, mais si dure, qu’on ne mange guère que celle des vaches. Leur peau, qui est la meilleure de l’univers, se passe aisément, et quoique très-forte, elle devient aussi moelleuse