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ne les empêchèrent point d’y descendre heureusement.

Ils furent reçus en Danemarck comme des gens sortis du tombeau ; et le récit de leurs aventures n’ayant pu causer que de l’effroi, il ne se trouva personne qui osât prendre la même route qu’eux. Enfin Munk lui-même, à force de réfléchir sur les circonstances de son expédition, se crut assez instruit par ses propres fautes pour les éviter dans une seconde entreprise, et résolut de tenter encore une fois le passage du nord-ouest. Sa fortune ne suffisant point pour l’équipement d’un vaisseau, il trouva plusieurs personnes puissantes qui s’associèrent en sa faveur. Tout était prêt pour sa navigation, lorsqu’en prenant congé de la cour on lui parla de sa première entreprise ; et le roi, l’exhortant à bien faire, attribua la perte de son équipage à sa mauvaise conduite. Munk à qui ce reproche fut extrêmement sensible, répondit moins respectueusement qu’il ne l’aurait dû ; et le roi, oubliant là modération, le poussa du bout de sa canne. Un affront de cette nature perça le cœur du malheureux capitaine. Il se retira désespéré, se mit au lit, rejeta toute sorte de nourriture, et mourut peu de jours après. Telle fut la fin et la récompense d’un homme dont la baie d’Hudson conservera long-temps le nom dans ses ports et ses rivières.

C’est ici l’occasion de rappeler un voyage des Espagnols, entrepris en 1602 pour conti-