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se trouvèrent tous hors d’état de s’entre-secourir, et la mortalité devint presque générale. Au mois de mai 1620, ceux qui avaient survécu sentirent augmenter leurs douleurs. La disette se joignait à tant de misères, et les forces manquaient aux plus résolus pour tuer des animaux. Munk, réduit lui-même au dernier affaiblissement, se trouva seul dans sa hutte, si mal, qu’il n’y attendait plus que la mort. Cependant ayant repris courage, il sortit de sa hutte pour chercher ses compagnons : il n’en trouva que deux ; le reste était mort. Ces trois hommes s’encouragèrent mutuellement. Ils grattèrent la neige, sous laquelle ils trouvèrent, comme les rennes, des herbes et des racines qui les ranimèrent ; ensuite la pêche et la chasse lui donnèrent une nourriture plus forte. Le beau temps qui revint dans sa saison acheva de les rétablir, et leur rendit assez de courage pour entreprendre de repasser en Danemark. Ils abandonnèrent leur vaisseau, dont la manœuvre excédait les forces de trois hommes, et se livrèrent sur l’autre à la protection du ciel. Le port où ils avaient passé cet affreux hiver, reçut le nom de Johans Munck’s bay, c’est-à-dire, baie de Jean Munk. Après avoir eu beaucoup de peine à surmonter les glaces, ils arrivèrent au cap de Farewell, d’où ils entrèrent dans l’Océan. Une tempête leur fit revoir de fort près la mort. Cependant ils abordèrent le 25 septembre en Norwège ; et d’autres dangers qu’ils coururent dans le port