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disgrâces sur lui-même, parce qu’il avait perdu trop de temps au fond de la baie, où, malgré la conférence qu’il avait eue avec Fox, il résolut d’hiverner. On juge d’ailleurs que, s’étant enivré de ses espérances, l’émulation contribua plus que tout le reste à l’arrêter dans cette mer pour y pousser ses recherches au printemps.

Le lieu qu’il choisit fut l’île de Charleton, à 52° de latitude. Il fut obligé de s’y mettre à couvert au commencement d’octobre, lorsque les neiges vinrent à tomber avec un froid excessif. Cependant la mer ne fut prise de la gelée qu’au milieu de décembre ; mais le froid ayant continué avec la même rigueur jusqu’au milieu d’avril, on juge qu’il dut être insupportable pour des gens qui n’avaient d’autre asile qu’une tente couverte des voiles du vaisseau, et qui trouvaient à peine dans l’île quelques broussailles pour faire du feu. Quel état pour un hiver si long, qu’ils se virent encore assiégés de glaces long-temps après qu’elles furent fondues sur les côtes de la baie ! Le 29 avril il tomba de la pluie pendant tout le jour. La neige fondit le 3 mai dans plusieurs endroits de l’île. Le temps était chaud le 13 pendant le jour ; mais il gelait encore toutes les nuits. Le 25, les glaces, s’étant fendues sur toute la baie, flottaient autour du vaisseau. Le 30, il n’en restait plus entre le vaisseau et l’île ; et l’on s’aperçut le même jour que l’herbe commençait à pousser. Cependant la mer était encore pleine