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vieilles hardes pussent être si précieuses ; mais c’est un avantage qu’on n’a pu leur cacher long-temps. Un particulier qui avait eu la ferme du castor, s’en trouvant beaucoup de reste, et cherchant à s’en faciliter la consommation, imagina d’en faire filer et corder avec de la laine ; et de cette composition il fit faire des draps, des flanelles, des bas au métier, et d’autres ouvrages de même nature. Son entreprise eut peu de succès, et servit à faire connaître que le poil du castor ne convient qu’à la fabrique des chapeaux. Cependant l’exemple des Français ayant trouvé des imitateurs en Hollande, il s’y est conservé une de ces manufactures, d’où l’on voit encore sortir des draps et des droguets ; mais ces étoffes sont chères et n’en sont pas de meilleur usage : le poil de castor se détache bientôt, et forme à la superficie un duvet qui leur ôte tout leur lustre. Les bas qu’on en a faits avaient le même défaut.

Quelques voyageurs donnent aux castors, comme aux abeilles, un roi ou un chef qui les commande, opinion difficile à vérifier, et prise apparemment des sauvages, qui les croyaient autrefois des animaux raisonnables, auxquels ils supposaient un langage particulier, un gouvernement, des lois et des commandans pour le travail. Entre les punitions des paresseux, ils mettaient l’exil ; et l’on croit trouver l’explication de cette idée dans l’espèce de castors qu’on nomme terriers, qui vivent en effet sé-