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vait été en Angleterre, après le troisième voyage de Davis. Il semblait que les deux nations, jalouses de la même gloire, attendissent mutuellement le succès des efforts qu’elles faisaient comme à l’envi pour se déterminer à les recommencer, et pour reprendre courage d’un côté lorsqu’on le perdait de l’autre. On trouve du moins dans les mémoires du temps qu’après le retour d’Heemskerck, plusieurs Anglais reprirent des espérances qui ne s’étaient pas tout-à-fait éteintes pour le nord-ouest, et qu’elles étaient fort échauffées en 1600, lorsqu’un nouvel incident les fit éclore avec une nouvelle ardeur.

On a vu dans une autre partie de cet ouvrage que le capitaine James Lancaster avait été envoyé aux Indes orientales avec quatre grands vaisseaux, les premiers que la compagnie anglaise eût expédiés pour ces mers. Il fut battu a son retour par une rude tempête vers le cap de Bonne-Espérance, et le vaisseau qu’il montait fut si maltraité, que ses propres gens le pressèrent de passer sur un autre. Mais croyant sa présence nécessaire à la conservation des richesses qu’il avait à bord, il demeura ferme dans son poste, et n’accepta aucun secours qu’on lui offrait que l’occasion d’écrire à la compagnie pour lui protester « qu’au risque de sa vie et de celle de son équipage, il s’efforçait de sauver son navire et sa cargaison. » À cette généreuse déclaration il joignit une apostille d’autant plus remarquable, que son em-