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étonnement de son arrivée. On l’avait cru mort avec tous ses gens, et l’on promettait de le venir prendre bientôt, avec une charge de toutes sortes de rafraîchissemens. Ce billet était signé Jean Cornelisz Ryp. Des nouvelles de cette nature ne pouvaient manquer de causer une extrême satisfaction ; mais Heemskerck, de Veer et les deux équipages eurent peine à comprendre quel était le Cornelisz qui leur écrivait. Ce nom était celui de l’officier qui les avait quittés l’année précédente pour prendre une autre route avec son vaisseau ; mais, jugeant qu’il avait dû souffrir encore plus qu’eux, ils ne pouvaient se persuader qu’il fût vivant. D’ailleurs il ne leur rappelait aucune circonstance de leurs aventures communes. Enfin Heemskerck chercha une lettre qu’il avait reçue autrefois de Jean Cornelisz Ryp, et l’écriture se trouva de la même main. La joie des deux équipages éclata par des transports ; le guide fut généreusement récompensé. Cet homme marchait avec une vitesse qui fit l’admiration des Hollandais. Au retour, il avait fait seul, en vingt-quatre heures, le chemin qu’Heemskerck n’avait pu faire qu’en deux jours et deux nuits avec le matelot qui l’accompagnait.

Dès le lendemain au soir, on vit à la côte une de ces barques que les Lapons nomment iol, sur laquelle on reconnut Cornelisz et le matelot qu’on lui avait envoyé. Ils apportaient de la bière de Rostock, du vin, de l’eau-de-vie,