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de ses gens à Kola, et ne put les y engager par ses offres ; mais ils le conduisirent lui-même, avec un de ses matelots, au delà d’une montagne, où d’autres Lapons promirent de leur servir de guides pour une somme fort légère. Un d’entr’eux s’arma d’un mousquet, et partit vers la fin de la nuit avec le matelot hollandais, qui n’avait pour arme qu’un simple croc.

Le 26, les deux bâtimens furent tirés à terre, et déchargés. Heemskerck avait trop éprouvé la bonne foi des Lapons pour en ressentir quelque défiance ; et, sous leur protection, il ne devait lui rester aucune crainte de manquer de vivres. La familiarité s’établit si promptement, que dès le premier jour on ne fit pas difficulté de manger et de se chauffer en commun. Les Hollandais apprirent à boire du quas, liqueur russe composée d’eau et de pain moisi, et la trouvèrent fort bonne, après avoir été réduits si long-temps à l’eau de neige. Ceux qui étaient encore atteints du scorbut découvrirent dans les terres une sorte de prunelles qui achevèrent de les guérir.

Le 29, ils virent paraître le Lapon qu’ils avaient envoyé à Kola, mais seul, et leur crainte fut vive pour leur compagnon. Cependant en vain s’empressèrent-ils autour de ce guide : il était chargé d’une lettre ; et, refusant de s’expliquer avec eux, il voulut la remettre lui-même à leur chef. Heemskerck, à qui elle était adressée, se hâta de l’ouvrir : elle était en langue hollandaise. On lui marquait un extrême