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tions hystériques et hypocondriaques dans l’épilepsie, le tétanos, etc.

C’est sans fondement qu’on a cru, sur la foi des anciens naturalistes, que le castor, lorsqu’il se voit poursuivi, coupe ses prétendus testicules et les abandonne aux chasseurs pour sauver sa vie. C’est de son poil, observe le missionnaire, qu’il devrait plutôt se dépouiller, car le reste est bien moins précieux ; cependant il doit le nom de castor à cette fable. Sa peau, dépouillée du poil, n’est pas non plus à négliger ; on en fait des gants et des bas. Mais comme il est difficile d’enlever le poil sans la découper, on n’emploie guère que celle des castors-terriers. Dans le commerce, on nomme castor sec la peau de castor dont on n’a point encore fait usage, et castor gras celle que les sauvages ont employée. Après l’avoir bien grattée en dedans, et frotté avec la moelle de certains animaux, qui la rend plus souple, ils en cousent plusieurs ensemble pour en faire une sorte de mante, qu’on nomme robe, et dont ils s’enveloppent le poil en dedans. En hiver, ils ne la quittent ni le jour ni la nuit. Le grand poil tombe bientôt, et le duvet qui reste ne manque point de s’engraisser ; ce coton devient beaucoup plus propre à l’usage des chapeliers, qui ne pourraient pas même employer le sec, s’ils n’y mêlaient un peu de gras. On ajoute que, pour être dans toute sa bonté, il doit avoir été porté quinze ou dix-huit mois. Les sauvages ne se seraient pas imaginé que leurs