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et firent voile avec assez de succès ; mais vers minuit ils eurent le malheur d’être séparés par une tempête élevée du nord.

En vain la scute, dont l’équipage était le plus sain, employa une partie du jour suivant à découvrir l’autre. Un brouillard épais, qui survint avant midi, lui en ôta l’espérance ; et le 15 elle fut poussée par un bon vent à la vue d’une côte, que de Veer crut à l’ouest de la mer Blanche, au delà de Candnoes. En approchant de la terre, il aperçut six barques russes, qui étaient tranquilles sur leurs ancres : leur ayant demandé à quelle distance il était de Kilduin, les Russes l’entendirent assez pour lui faire comprendre à son tour qu’il n’était encore qu’à la côte orientale de Candnoes. Ils écartèrent les bras avec divers signes qui signifiaient assez clairement qu’il avait la mer Blanche à passer, et que cette route était dangereuse avec un si petit bâtiment. Quelque peine qu’il eût à se le persuader, il ne put lui en rester aucun doute, lorsque, leur ayant montré sa carte, ils insistèrent à lui donner les mêmes lumières : il reprit le large avec le double chagrin de se voir beaucoup moins avancé qu’il ne l’avait cru, et d’ignorer ce qu’était devenue la chaloupe. Le soir, se trouvant près d’un grand cap, qu’il prit pour celui de Candnoes, il y jeta l’ancre. Quelques Russes d’une barque dont il s’approcha le 17, s’efforcèrent de lui faire entendre qu’ils avaient vu ses compagnons au nombre de sept. Quoiqu’ils levassent