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même vent. Le 8 et le 9 ne furent pas plus heureux. Cependant la faim redevenait fort pressante. Quelques matelots envoyés à terre découvrirent une balise entre Candnoes et la terre ferme de Russie ; ils conclurent que c’était le canal par lequel passaient les Russes. À leur retour, ayant rencontré un phoque mort depuis long-temps, et puant de pouriture, ils le traînèrent à bord pour soulager leur estomac affamé ; mais tous les autres s’y opposèrent en leur représentant qu’une si mauvaise nourriture était plus mortelle que la faim, et que, si proche d’une terre connue, il était impossible que les secours fussent éloignés. Le jour suivant on avança beaucoup avec un bon vent du sud, et l’on trouva de l’eau sur la côte. Une pluie abondante, accompagnée d’éclairs et de tonnerre, fut un surcroît de fatigues ; mais elle annonçait du moins un ciel plus doux. Le 12, à six heures du matin, tout le monde prit courage à la vue d’une barque russe qui venait à pleines voiles. On en tira peu d’éclaircissemens sur la route ; mais, avec quelques pièces de monnaie hollandaise, Heemskerck en obtint une espèce de pains cuits à l’eau, et cent deux poissons. Le 13, à trois heures après midi, on reconnut un cap qui fuyait au sud, et l’on ne douta plus que ce ne fût le cap de Candnoes, d’où l’on se flatta de pouvoir traverser l’embouchure de la mer Blanche. Les deux bâtimens, s’étant joints bord à bord, prirent aussitôt le large ensemble,