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heures du soir, ils avancèrent heureusement. Les glaces revinrent alors, et leur firent invoquer le ciel, seule puissance qui pût les sauver. Il ne leur restait qu’un peu de biscuit. Dans la funeste nécessité de mourir de faim, de soif, ou de braver tous les obstacles, ils continuèrent d’avancer à force de rames et de voiles. Changement étrange ! plus ils s’engagèrent dans les glaces, plus ils trouvèrent de facilité à pénétrer. Enfin ils se retrouvèrent dans les eaux ouvertes, et le 4, à midi, ils eurent la vue d’une côte, qu’ils prirent pour celle qu’ils cherchaient. Le soir, après avoir rangé la terre, ils découvrirent une barque, vers laquelle ils crièrent Candnoes ! Candnoes ! Mais on leur répondit Petzora, Petzora ; ce qui leur fit connaître qu’ils n’étaient pas aussi proche de Candnoes qu’ils se l’étaient figuré, et que la terre qu’ils voyaient était celle de Petzora. Leur erreur venait de la variation de l’aiguille, qui les avait trompés de deux rumbs entiers. Après l’avoir reconnue, ils prirent le parti d’attendre le jour sur leurs ancres.

Le 5, un matelot, qui descendit au rivage, y trouva de l’herbe et quelques arbustes. Il excita les autres à descendre avec leurs fusils. On tua plusieurs oiseaux, secours si nécessaire, qu’on avait déjà proposé d’abandonner les deux bords, et de prendre par les terres pour chercher des vivres. Le 6, un vent contraire ne permit point d’avancer. On sortit du golfe le 7, mais en luttant sans cesse contre le