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loigner de la côte, que le vent leur devint tout-à-fait contraire. D’ailleurs la mer se retrouva si couverte de glaces, qu’après les avoir écartées avec des peines incroyables, ils se virent forcés de retourner vers la terre, où ils abordèrent heureusement dans une belle anse, à l’abri de presque tous les vents. Ils y descendirent, et le bois ne leur manqua point pour faire cuire leurs œufs et leurs oiseaux. Une brume épaisse et le vent du nord les y retinrent trois jours, pendant lesquels, ayant pénétré dans l’île, ils y trouvèrent de petites pièces de bon or, par le 73° 10′. Mais ce précieux métal les touchant moins que la conservation de leur vie, ils saisirent le premier moment où les glaces recommencèrent à s’ouvrir ; et, sortant de l’anse le 26, ils rencontrèrent le 27, à six heures du soir, un courant fort rapide. Ils se crurent près de Costingsarch, d’autant plus qu’ils voyaient un grand golfe, qui, suivant leurs conjectures, devait s’étendre jusqu’à la mer de Tartarie. Vers minuit, ils crurent doubler le cap des Croix, et bientôt ils passèrent un canal, entre une île et la terre ferme. Le 28, ayant rangé la côte, il reconnurent, à trois heures après midi, la baie de Saint-Laurent et le cap du Bastion, dont ils n’eurent pas plus tôt passé la pointe, qu’ils aperçurent deux barques à l’ancre et plusieurs personnes sur le rivage.

Quelle fut leur joie de trouver des hommes ! Cependant elle fut tempérée par le grand