Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

point un goût sauvage, qu’elle ne perd qu’après avoir été cuite à l’eau. Avec cette préparation, elle prend une si bonne qualité, qu’il n’y a point, dit-on, de viande plus légère, plus délicate et plus saine ; on la croit même aussi nourrissante que celle du veau. Bouillie, elle demande quelque chose qui en relève le goût ; mais à la broche, elle se mange sans autre apprêt.

Ce que le castor a de plus remarquable est sa queue ; elle est presque ovale, large de quatre pouces dans sa racine, de cinq au milieu, et de trois pouces à l’extrémité, épaisse d’un pouce, et longue d’un pied. Sa substance est une graisse ferme, où un cartilage tendre, qui ressemble à la chair du marsouin, mais qui se durcit quand elle est conservée. Elle est couverte d’une peau écailleuse, dont les écailles sont hexagones, et d’une demi-ligne d’épaisseur sur trois ou quatre lignes de long, appuyées les unes sur les autres comme celles des poissons. Une pellicule très-délicate leur sert de fond ; de la manière dont elles sont enchâssées, elles s’en tirent aisément après la mort de l’animal.

Près de l’anus du castor se trouvent des poches qui contiennent le castoréum. C’est une liqueur onctueuse, qui ressemble au miel. Sa couleur est d’un jaune pâle, son odeur fétide : elle se condense en vieillissant, et prend la substance du suif. Cette liqueur est résolutive et fortifie les nerfs. On l’emploie dans les affec-