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s’employèrent à ce charitable office. Enfin les glaçons s’écartèrent un peu, et la scute fut tirée sur la glace même, près de la chaloupe. Cette fatigue dura depuis six heures du matin jusqu’à six du soir. On perdit deux tonneaux de biscuits, un coffre rempli de toiles, un tonneau d’ustensiles et d’agrès, le cercle astronomique, un paquet de drap écarlate, un tonneau d’huile, un de vin et un de fromage.

Le 2 fut employé à réparer les deux bâtimens. On trouva du bois, et l’on tua quelques oiseaux qui furent mangés rôtis. Deux hommes qu’on envoya faire de l’eau le jour suivant retrouvèrent à l’aiguade deux de leurs rames, la barre du gouvernail de la scute, le coffre de toiles et un chapeau ; hasard surprenant qui ranima la confiance au secours du ciel. Le 4 fut un des plus beaux jours qu’on eût vus luire sur les côtes de la Nouvelle-Zemble, et servit à sécher les pièces de drap mouillé. Les trois jours suivans furent remarquables par la violence des glaçons, et par la mort de Janz de Harlem, un des matelots. Le 9, les eaux s’ouvrirent du côté de la terre ; et la glace ferme commençant aussi à flotter, on fut obligé de tirer les deux bâtimens à l’eau l’espace d’environ trois cent cinquante pas : horrible travail, que personne n’aurait été capable d’entreprendre pour un intérêt moins cher que la vie. On mit à la voile entre sept et huit heures du matin ; mais à six heures du soir on fut contraint de retourner à terre et de remonter sur la glace ferme, qui