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qu’on prit pour ceux qui avaient fui ; et successivement deux autres. On n’en put tuer aucun ; mais, outre le bruit qui les avait éloignés, on ne douta point qu’ils n’eussent reçu quelques blessures.

Le premier jour de juillet fut marqué par un funeste accident. Vers neuf heures du matin, les bancs de glace qui venaient de la mer heurtèrent avec tant d’impétuosité contre la glace ferme, qu’ils brisèrent en plusieurs pièces celle que les équipages avaient prise pour asile. Les paquets tombèrent dans l’eau ; et, de quelque importance qu’il fût de les conserver, un autre soin pressait encore plus : c’était celui de garantir la chaloupe, qu’il fallut traîner par-dessus les glaces jusque assez proche de terre, où les glaçons étaient moins à craindre. Ensuite, lorsqu’il fallut retourner aux paquets, on se trouva dans un mortel embarras. La glace rompait sous les pieds à mesure qu’on avançait vers ses bords. Un paquet qu’on se croyait près de saisir était emporté par un glaçon, ou se cachait sous un autre. Les plus hardis ne savaient comment s’y prendre pour sauver leur unique bien et pour se sauver eux-mêmes : ce fut pis encore lorsqu’on entreprit de pousser la scute. La glace rompit sous une partie des matelots et ce petit bâtiment fut emporté avec eux, brisé en quelques endroits, surtout à ceux qu’on avait changés ou réparés. Un malade qui s’y était retiré ne fut sauvé qu’avec un danger extrême pour ceux qui