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brable de morses. Les oiseaux commençant à paraître aussi en troupes nombreuses, ils en tuèrent douze, qui leur firent un délicieux festin. Mais le 28 ils se retrouvèrent si serrés par les glaçons, qu’ils furent obligés de débarquer toute leur charge sur la glace ferme, et d’y tirer aussi leurs deux bâtimens : ils y firent des tentes de leurs voiles, dans l’espérance d’y passer du moins une nuit tranquille ; mais vers minuit la sentinelle découvrit trois ours. Tout le monde fut réveillé par ses cris. On sortit armé ; et la première décharge eut peu d’effet, cependant n’ayant pas laissé de faire reculer les ours, on eut le temps de recharger les fusils, et de la seconde, on tua un de ces animaux dont la chute fit fuir les deux autres. Ils reparurent le lendemain ; et s’étant approchés du lieu où leur compagnon était encore étendu, l’un des deux le prit dans sa gueule, et l’emporta sur les plus raboteuses glaces, où ils se mirent tous deux à le manger. L’équipage, aussi frappé d’étonnement que de crainte, se hâta de tirer quelques coups qui leur firent quitter prise et les mirent en fuite. Quatre hommes allèrent aussitôt au cadavre, qu’ils trouvèrent à demi mangé dans un espace si court. En observant sa grandeur, ils admirèrent la force de l’ours qui l’avait emporté par un chemin si difficile, que tous quatre ensemble ils eurent quelque peine à transporter jusqu’aux tentes la moitié qui restait. Les deux jours suivans, on en vit quatre ; deux d’abord