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des glaces que le 24 à midi. Les deux bâtimens prirent le large à force de rames, et firent bonne route jusqu’au cap de Nassau, qu’on découvrit à la distance de trois lieues. Quelques matelots allèrent à terre, et trouvèrent un peu de bois qui servit à faire fondre de la neige. Ce soulagement, joint aux alimens chauds qu’on prit avec le secours du feu, rendit un peu de force aux plus faibles.

Le 25, il s’éleva une grosse tempête du sud qui dura deux jours presque entiers, et pendant laquelle, les glaces où les bâtimens étaient amarrés s’étant rompues, ils dérivèrent au large, sans qu’il fût possible de les ramener vers la glace ferme ; ils se virent cent fois dans un horrible danger ; et pour comble de malheur, ils se séparèrent. Cependant un vent du nord-ouest, qui se leva le second jour, ramena le calme, et favorisa leur route vers la glace ferme. La scute y arriva la première ; et de Veer, qui la commandait, ayant fait une lieue le long des glaces sans voir paraître la chaloupe, crut Heemskerck et tous ses gens ensevelis dans les flots. La brume était fort épaisse, et menaçait de redoubler vers le soir. De Veer fit tirer inutilement plusieurs coups. Enfin les autres y répondirent ; et ce signal leur servit à se rejoindre.

Ils s’avancèrent ensemble le 27 à une lieue de la côte occidentale du cap de Nassau ; et pendant qu’ils s’efforçaient de ranger la terre, ils virent sur les glaces une multitude innom-