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Il avait été comme l’âme des trois voyages, et tout le monde avait autant de confiance à sa probité qu’à ses lumières. Le 21 n’ayant amené de changement que dans les circonstances, ce fut un jour lugubre qu’on passa dans le regret de cette perte et dans l’attente du même sort. On ne comptait plus que treize hommes sur les deux bâtlmens.

Le vent souffla du sud-est le 22 ; et dans l’éloignement on vit beaucoup d’eaux ouvertes ; mais il fallut traîner les bâtimens plus de cinquante pas sur la glace, les mettre à l’eau pour quelques momens, ensuite les traîner encore plus de trente pas avant de se trouver dans un lieu ouvert et tout-à-fait navigable. Après ce travail, on mit à la voile avec de meilleures espérances, qui se soutinrent jusqu’à midi ; et ce fut pour retomber alors dans de nouvelles glaces. Mais bientôt elles se séparèrent en laissant un passage, tel que celui d’une écluse ouverte. On rangea pendant quelques momens la côte avec des efforts continuels pour écarter les glaçons ; et vers le soir les deux bâtimens se retrouvèrent pris. Le 28, les eaux s’étant rouvertes d’elles-mêmes, ils arrivèrent sur les neuf heures du matin au cap de Troost, où les glaces les reprirent : l’observation de la hauteur donna 76° 39′. On n’avait point à se plaindre de la lumière du soleil, qui était assez brillante ; mais il manquait de la chaleur pour fondre la neige, et le plus pressant besoin des Hollandais était la soif : ils ne furent dégagés