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Le 18, ils employèrent une partie du jour à réparer leurs bâtimens, qui avaient beaucoup souffert. Le bonheur leur fit trouver du bois, pour faire fondre du goudron, dont ils calfatèrent les coutures. Ensuite ils allèrent chercher à terre quelques rafraîchissemens pour les malades ; mais ils ne rapportèrent qu’un petit nombre d’oiseaux.

Le 19, ils se trouvèrent encore pris plus étroitement dans les glaces ; et de toutes parts, ne voyant rien d’ouvert, ils craignirent de n’avoir prolongé leur vie que pour la finir plus misérablement dans ce jour. Toutes les circonstances semblèrent propres à les confirmer dans cette triste idée. Leur situation ne changea point jusqu’au soir, et ne fit qu’empirer la nuit suivante. Le 20, à neuf heures du matin, de Veer passa de la scute dans la chaloupe pour apprendre à Barentz que Nicolas Andriss, un des meilleurs matelots, tirait à sa fin. La mienne, répondit tranquillement Barentz, n’est pas éloignée non plus. Ses gens, qui le voyaient regarder attentivement une carte marine, ne purent s’imaginer qu’il fût si mal. Mais bientôt, quittant la carte, il dit à de Veer que les forces lui manquaient ; après quoi, les yeux lui tournèrent ; et, sans ajouter un seul mot, il expira si subitement, qu’Heemskerck, qui arrivait alors dans la scute, n’eut pas le temps de lui dire adieu. Presqu’au même instant, Andriss mourut aussi. La mort de Barentz jeta une profonde consternation sur les deux bords.