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bord que Barentz, s’informa de sa santé ; et Barentz, quoique fort mal, répondit qu’il était mieux. Ensuite, apprenant qu’on était au cap des Glaces, il souhaita d’être élevé par ses matelots, pour se procurer, ajouta-t-il, la satisfaction de voir encore une fois ce cap. On ignore si c’était le pressentiment de sa fin ; mais il eut le temps de se satisfaire ; car les deux bâtimens furent aussitôt pris des glaces, et demeurèrent immobiles dans leur situation. Le 17 au matin, ils essuyèrent, au contraire, le choc d’un grand nombre de glaçons, avec une violence qui fit croire leur perte certaine. Ensuite ils se trouvèrent si serrés entre deux bancs de glace flottans, que les équipages des deux bords se dirent le dernier adieu. Cependant, ayant repris courage, ils s’efforcèrent de se rapprocher des glaces fermes pour s’y amarrer, dans l’espoir d’y être moins exposés aux glaces errantes. Ils s’en approchèrent ; mais il restait l’embarras d’y amarrer une corde. Tout le monde paraissait effrayé du péril. Dans cette extrémité, de Veer, qui était le plus agile, prit le bout de la corde, et sautant de glaçon en glaçon, arriva heureusement à la glace ferme, où il attacha la corde autour d’une hauteur de glace. Tous les autres sortirent alors des bâtimens, et commencèrent par transporter avec eux les malades dans leurs draps. Ensuite, débarquant ce qui était à bord, et tirant les bâtimens même sur la glace, ils se virent garantis d’un naufrage qu’ils avaient cru presque inévitable.