Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

signées de tout l’équipage, et déposées, l’une dans la chaloupe, l’autre dans la scute. » Il y faisait le récit de tout ce que les Hollandais avaient souffert en attendant l’ouverture des eaux, et dans l’espérance que leur vaisseau se dégagerait des glaces, mais le ciel n’ayant point exaucé leurs vœux, et se trouvant à la veille de manquer de vivres, sans compter l’incertitude de la belle saison, qui passerait vraisemblablement fort vite, ils avaient été forcés d’abandonner leur navire et d’entreprendre un voyage qui les exposait à toutes sortes de dangers. Il ajoutait qu’ils avaient jugé à propos de dresser ce double mémoire, afin que, si leurs deux bâtimens étaient séparés par la tempête, par le naufrage de l’un, ou par quelque autre accident de mer, on put trouver sur l’autre toutes les circonstances de leur malheureuse histoire, et la confirmation du témoignage de ceux qui auraient survécu. »

Après ces tristes précautions, on tira vers la mer les deux petits bâtimens et les traîneaux chargés des marchandises et des provisions : c’étaient six paquets de draps de laine, un coffre plein de toile, deux paquets de velours, deux petites caisses remplies d’argent, deux tonneaux d’ustensiles et d’agrès, treize tonneaux de biscuit, un de fromage, un de lard, deux d’huile, six de vin, deux de vinaigre, et les hardes de l’équipage. Tout cet appareil, étalé sur le rivage, paraissait difficile à ranger dans un aussi petit espace que celui des deux