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très pénible. Il était question non-seulement d’écarter des neiges à demi fondues, mais de ranger les glaces, de creuser et d’aplanir. L’espérance aurait soutenu le courage, si l’on eût été quitte pour la peine ; mais on se voyait souvent interrompu par de grands ours, maigres et décharnés, qui venaient de la haute mer sur des glaçons, et qui obligeaient de se partager entre le combat et le travail. Cependant tous ces obstacles furent surmontés ; et le 13, on se vit en état de mettre à l’eau les deux bâtimens. Heemskerck, satisfait du temps et d’un bon frais de sud-ouest, dit alors qu’il était résolu de s’embarquer. Cette déclaration fut reçue avidement, et l’on ne pensa plus qu’à mettre les bâtimens à l’eau.

Barentz, dont la santé s’était affaiblie depuis long-temps, rappela toutes ses forces pour composer un mémoire qui contenait les circonstances de leur voyage, de leur arrivée dans la Nouvelle-Zemble, du séjour qu’ils y avaient fait, et de leur départ. Il mit ce papier dans une boîte, qu’il suspendit à la cheminée de la hutte, pour servir d’instruction à ceux qui pourraient aborder après eux dans le même lieu, et leur apprendre par quelle aventure ils y trouveraient les restes d’une misérable maison qui avait été habitée près de dix mois. D’un autre côté, comme le voyage qu’on allait entreprendre avec deux petits bâtimens sans couverte faisait prévoir d’horribles dangers, Heemskerck écrivit deux lettres qui furent