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nante dans de si petits animaux. On remarque aussi que les dents des deux mâchoires ne se répondent pas exactement ; mais que les supérieures débordent en ayant sur les inférieures : de sorte qu’elles se croisent comme les deux tranchans d’une paire de ciseaux ; enfin que la longueur des unes et des autres est précisément le tiers de leurs racines. La tête d’un castor offre à peu près la figure de celle d’un rat de montagne ; il a le museau un peu allongé, les yeux petits, les oreilles courtes, rondes, velues par dehors, sans poil en dedans. Ses jambes sont courtes, surtout celles de devant, et n’ont pas plus de quatre pouces de long ; les ongles sont taillés de biais, et creux. Les pieds de derrière sont plats, garnis de membranes entre les doigts ; ainsi le castor peut marcher, mais avec lenteur, et nage aussi facilement que tout autre animal aquatique. D’ailleurs, par sa queue, il est tout-à-fait poisson ; ce qui l’a fait déclarer de cet ordre par la faculté de médecine de Paris, et ranger par la faculté de théologie au nombre des animaux dont la chair peut être mangée les jours maigres. Le P. Charlevoix assure que Lémery s’est trompé lorsqu’il n’a fait tomber cette décision que sur le train de derrière du castor, et qu’elle regarde le corps entier ; mais les Canadiens ne peuvent guère profiter de cette indulgence. On voit à présent peu de castors près des habitations. Les sauvages en gardent la chair, après l’avoir fait boucaner ; ce qui ne lui ôte