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était cuite. Le 2, un grand vent de sud-ouest nettoya la haute mer et n’y laissa plus de gros glaçons. Alors tout le monde parla de s’embarquer et de retourner en Hollande par le plus court chemin. Le 3, tout le reste des glaces fut emporté, à l’exception de celles qui entouraient le vaisseau. Mais après de si belles apparences, quelle fut la douleur commune de s’apercevoir dès le jour suivant que le vaisseau, qui n’était au 15 mars qu’à soixante-dix pas de l’eau ouverte, s’en trouvait à plus de cinq cents ! Le 7 et le 8 il tomba tant de neige, que, dans l’impossibilité de sortir de la hutte, quelques matelots désespérés proposèrent de parler nettement aux officiers, et de leur déclarer que tout l’équipage était résolu de quitter ce funeste lieu. Les meilleurs vivres, tels que la viande et le gruau, commençaient à manquer dans un temps où l’on avait plus besoin de force que jamais pour supporter le travail. À peine restait-il du lard pour trois semaines, à deux onces par tête. Cependant personne n’eut la hardiesse de s’expliquer avec Heemskerck, parce qu’il avait déclaré lui-même qu’on ne se remettrait en mer que vers la fin de juin. On s’ouvrit seulement à Barentz, à qui l’on connaissait beaucoup de bonté, et qui se contenta de demander aux plus ardens quelques jours de délai. Heemskerck, avec lequel il en conféra le 15, promit que, si le vaisseau n’était pas dégagé à la fin du mois, on s’efforcerait alors de mettre la chaloupe et la scute en état de partir :