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de la fermer, et se mit derrière pour la soutenir. L’ours s’en retourna : cependant il revint deux heures après, et monta sur la hutte, où il fit un bruit dont tout le monde fut effrayé ; il fit de si grands efforts pour renverser la cheminée, qu’on le crut plus d’une fois maître du passage ; il déchira la voile dont elle était entourée : enfin il ne s’éloigna qu’après avoir fait un ravage extraordinaire.

La rigueur du temps ayant cessé le 10 avril, tous les Hollandais allèrent visiter leur vaisseau, et leur joie fut extrême de le trouver dans l’état où ils l’avaient laissé. Du rivage ils considérèrent avec admiration les monceaux de glace qui couvraient la mer, et qui semblaient offrir la perspective d’une grande ville, c’est-à-dire, des maisons entremêlées de tours, de clochers, de bastions et de remparts. Le lendemain étant retournés à bord, ils observèrent dans l’éloignement que l’eau était ouverte. Quelques-uns eurent la hardiesse de monter sur les bancs de glace, et de passer de l’un à l’autre jusqu’à l’eau, dont il y avait cinq ou six mois qu’ils n’avaient approché. En y arrivant, ils virent un petit oiseau qui plongea aussitôt, ce qui acheva de leur faire juger que l’eau était plus ouverte qu’elle ne l’avait été depuis leur séjour dans la Nouvelle-Zemble.

Le 1er. mai, leur viande, qui commençait aussi à dégeler, et dont ils firent cuire une partie, se trouva aussi bonne que jamais, avec le seul défaut de ne pouvoir se garder lorsqu’elle