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fallait de quinze jours que le soleil put se faire voir par cette hauteur. Les autres soutenaient ce qu’ils avaient vu, et la contestation fut vive. Le 25 et le 26, un brouillard épais qui ne permettait de rien voir confirma Barents dans son opinion. Mais l’air s’étant éclairci le 27, tout l’équipage ensemble vit sur l’horizon l’astre du jour dans toute sa sphère ; ce qui ne laissa aucun doute qu’on en eût pu voir une partie le 24.

Cependant, comme cette découverte était opposée aux sentimens de tous les écrivains anciens et modernes, et qu’on pouvait la juger contraire au cours de la nature, parce qu’elle semblait détruire la rondeur qu’on attribuait aux cieux et à la terre, les Hollandais craignirent qu’on ne les accusât d’erreur, et qu’après avoir été si long-temps sans voir la lumière, on ne leur reprochât de n’avoir pas tenu un compte exact du temps, ou d’avoir passé quelques jours dans leurs lits sans s’en être aperçus. Cette crainte leur fit prendre le parti d’écrire dans le dernier détail leurs raisonnemens et toutes les circonstances du phénomène.

Le 31 fut un fort beau jour, où l’on jouit agréablement de la clarté du soleil ; il fut suivi de sept jours d’orage, pendant lesquels on n’eut pas moins de brouillard et de neige qu’au cœur de l’hiver ; mais le beau temps leur ayant succédé, le 8 février on vit le soleil se lever au sud-sud-est et se coucher au sud-sud-ouest, c’est-à-dire, par rapport au cadran de plomb qu’on avait posé près de la hutte, au midi de