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leil, qu’on se crut confirmé dans la supposition des 76°, mais plutôt au-dessus qu’au-dessous. Le 13, d’un temps clair et calme, on observa que la lumière du jour commençait à croître ; en jetant une boule on la voyait courir, ce qu’on n’avait pas vu jusqu’alors. Depuis ce jour, on sortit plus librement pour s’exercer le corps, et surtout les jambes, que la plupart avaient engourdies. Bientôt on crut remarquer aussi dans l’air une rougeur qu’on prit pour une espèce d’aurore, avant-courrière du soleil. D’un autre côté, le froid diminua si sensiblement pendant le jour, que, lorsqu’il y avait bon feu dans la hutte, on voyait tomber des cloisons de gros morceaux de glace qui dégelaient sur le plancher ou dans les lits ; mais pendant la nuit il gelait toujours avec la même force. On fut obligé de diminuer encore la ration de biscuit et de vin, parce que la chasse des renards devenait moins abondante ; avertissement d’ailleurs assez fâcheux, car la retraite de ces animaux annonçait le retour prochain des ours.

Le 24, Heemskerck et de Veer, accompagnés d’un matelot, prirent occasion d’un temps fort clair pour aller se promener sur le rivage méridional. Au moment qu’ils y pensaient le moins, de Veer aperçut un côté du globe solaire. Ils se hâtèrent de porter cette agréable nouvelle à la hutte : mais Barentz, dont on connaissait l’habileté, n’en voulut rien croire, parce que, suivant toutes ses supputations, il s’en