Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hutte, la glace s’était élevée d’un pouce. Quoique le jour eût peu de clarté, ou plutôt qu’il n’y eût point alors de jour, on ne laissait pas de voir d’assez loin, et l’on découvrait dans la mer quantité d’endroits ouverts. Les Hollandais ne doutèrent point que ce changement ne fût arrivé lorsque le craquement des glaces s’était fait entendre. Le 25, ils entendirent des renards autour de la hutte, sans en trouver un seul dans les trapes. « Le feu semblait manquer de chaleur, ou du moins elle ne se communiquait point aux objets les plus proches : il fallait brûler ses bas pour en sentir un peu aux jambes et aux pieds, et l’on n’aurait pas même senti la brûlure des bas, si l’odorat n’en eût pas été frappé. Telle fut la fin de décembre, et ce fut au milieu de ces souffrances que le malheureux reste de l’équipage entra dans l’année 1597. »

Le commencement n’en fut pas moins rude, ce qui n’empêcha point les matelots de célébrer la fête des Rois pour charmer leurs peines. Les billets furent tirés, et le sort favorisa un canonnier, « qui se trouva ainsi, remarque le journaliste, roi de la Nouvelle-Zemble, c’est-à-dire, d’un pays qui a peut-être deux cents lieues de long entre deux mers. » Le 10 janvier, on trouva que l’eau était montée de près d’un pied dans le vaisseau, et qu’elle s’y était convertie en glace. Le 12, la hauteur, prise de l’étoile nommée l’Œil du Taureau, s’accorda si bien avec les premières observations du so-