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moins estimée. Leur poil est de deux sortes par tout le corps, à l’exception des pates, où il est fort court : le plus grand est long de huit à dix lignes ; il va même jusqu’à deux pouces sur le dos ; mais il diminue avec proportion jusqu’à la tête et jusqu’à la queue ; il est rude, gros, luisant, et donne à la bête sa couleur entière. Regardé avec le microscope, le milieu en paraît moins opaque ; d’où l’on conclut qu’il est creux, et qu’il ne peut être d’aucun usage. L’autre est un duvet très-fin, fort épais, long d’un pouce au plus ; et c’est celui qu’on emploie. On le nommait autrefois, en Europe, laine de Moscovie : il fait proprement l’habit du castor ; le premier ne lui sert que d’ornement, et peut-être l’aide-t-il à nager.

On donne au castor quinze ou vingt ans de vie. La femelle porte quatre mois ; et sa portée ordinaire est de quatre petits : quelques voyageurs en ont fait monter le nombre jusqu’à huit ; mais cette fécondité paraît rare. Elle a quatre mamelles. Les muscles de cet animal sont extrêmement forts, et d’une grosseur qui n’a point de proportion à sa taille. Ses intestins, au contraire, sont fort délicats, ses os très-durs, et ses deux mâchoires, presque égales, sont d’une grosseur extraordinaire ; chacune est garnie de dix dents, deux incisives et huit molaires. Les incisives supérieures ont deux pouces et demi de long ; les inférieures en ont plus de trois, et suivent les courbures de la mâchoire ; ce qui leur donne une force surpre-