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cariboux. Sa garnison était fort affaiblie. « Je fis partir, dit-il, mon lieutenant, les deux commis et cinq de mes meilleurs hommes, auxquels je m’étais efforcé de donner une assez bonne quantité de poudre et de vivres. Ils se postèrent malheureusement proche d’un camp de sauvages qui manquaient de poudre, parce que, la conservant pour ma sûreté et celle de mes gens, je leur refusais la traite. Ces barbares, se voyant comme bravés par les chasseurs français, qui tuaient toute sorte de gibier, et qui faisaient bonne chère à leurs yeux, sans leur en faire part, conçurent le dessein de les tuer pour se saisir de leurs armes et de leurs munitions. Ils en redoutaient particulièrement deux, qu’ils avaient reconnus pour les plus adroits. Une fête nocturne, dont nous connaissions l’usage, leur donna l’occasion de les y inviter. Mes gens se défiaient si peu d’une trahison, qu’ayant laissé partir leurs compagnons pour le camp sauvage, ils se couchèrent tranquillement. Les deux convives arrivèrent au camp dans la même confiance ; mais en entrant dans l’enceinte, ils trouvèrent les Américains rangés des deux côtés, la hache et le couteau à la main, et furent poignardés d’autant plus facilement qu’ils étaient sans armes. Ces perfides, résolus d’égorger aussi les six autres, se mirent en chemin avec leurs armes à feu pour les attaquer pendant leur sommeil. Ils commencèrent par une décharge ; ensuite, se jetant sur eux la baïonnette à la main, ils les égorgèrent avant