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nisme, on ne voyait pas plus de raison de les rejeter, puisque, leur malheur ne pouvant venir que d’un défaut de lumière, on devait se flatter que la connaissance de l’Évangile et l’exemple des vertus chrétiennes pourraient servir quelque jour à leur dessiller les yeux ; qu’ainsi tout le monde était invité à passer à la Caroline, sûr d’y jouir d’une indépendance entière pour les sentimens et pour le culte ; qu’on ne mettait qu’une condition à cette tolérance universelle : c’était que toutes les personnes au-dessus de dix-sept ans, qui prétendaient à la protection des lois civiles, fussent attachées à quelque église ou à quelque corps de religion, et que leurs noms fussent inscrits dans le registre de leur secte.

Toutes ces idées furent rédigées en cent vingt articles, sous le titre de constitutions fondamentales de la Caroline, et signées par les huit seigneurs propriétaires, avec cette addition formelle, qu’elles seraient à jamais le fondement inaltérable et la règle sacrée du gouvernement de la colonie. On doit comprendre que les ordonnances civiles en faisaient partie. C’était le célèbre Locke qu’on avait choisi pour dresser ce code de législation, à la prière de milord Shaftesbury, qui devint un des propriétaires. De pareils noms semblent nous commander quelques détails sur ce gouvernement.

Le premier article établissait pour gouverneur, sous le titre de palatin, un des seigneurs propriétaires, dont le pouvoir devait durer