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mettent la tête hors de l’eau pour respirer, on tire dessus. S’ils ne sont que blessés on les prend sans peine ; s’ils sont tués roides, ils vont d’abord à fond, mais on a de gros chiens qui sont exercés à les pêcher jusqu’à sept ou huit brasses de profondeur. Les phoques sont en si grand nombre sur les côtes de l’Acadie, que dans un seul jour, on y en a pris sept ou huit cents. Denis, qui l’assure, ajoute que la pêche s’en fait au mois de février, lorsque les petits qui naissent à terre, et que la mère y ramène pour les faire téter, ne vont presque point encore à l’eau. À la vue des pêcheurs, les pères et les mères prennent la fuite, en faisant un fort grand bruit pour avertir leurs petits du danger qui les menace ; mais leur marche est encore si lente, qu’ils sont tués facilement d’un coup de bâton que les pêcheurs leur donnent sur le nez.

On prend aujourd’hui peu de morses sur les côtes du golfe Saint-Laurent ; et les Anglais, qui avaient établi une pêche à l’île de Sable, n’en ont pas tiré beaucoup de profit ; mais dans le golfe et le fleuve l’abondance des marsouins est surprenante. Ils remontent jusqu’au port de Québec. Le père Charlevoix parle de deux pêches établies au-dessous de cette ville : l’une dans la baie de Saint-Paul, et l’autre sept ou huit lieues plus bas, vis-à-vis d’une habitation qu’on appelle Camourasca, du nom de certains rochers qui s’élèvent considérablement au-dessus de l’eau. « Les