Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce défaut les livre souvent aux chasseurs qu’ils veulent éviter. Enfin on assure qu’un castor, après avoir perdu sa femelle, ne s’accouple point avec une autre. Les sauvages empêchent soigneusement que leurs chiens ne touchent aux os des castors, parce qu’ils sont d’une dureté à laquelle il n’y a point de dents qui résistent.

Avant l’arrivée des Européens, c’était la chasse de l’ours qui tenait le premier rang dans l’Amérique septentrionale. Elle était précédée d’anciennes cérémonies, qui s’observent encore dans les nations qui n’ont point embrassé le christianisme. C’est toujours un chef de guerre qui en règle le temps, et qui se charge d’inviter les chasseurs. Cette invitation est suivie d’un jeûne de huit jours, pendant lesquels il n’est pas même permis de boire une goutte d’eau, car les jeûnes des sauvages consistent dans une privation absolue de toutes sortes de boissons et d’alimens. L’extrême faiblesse que cette excessive abstinence doit leur causer n’empêche point qu’ils ne chantent pendant tout le jour. Ils jeûnent, et plusieurs se découpent même la chair en divers endroits du corps pour obtenir des esprits la connaissance des lieux où les ours seront cette année en plus grand nombre. Ce sont leurs rêves qui les déterminent ; c’est-à-dire que, pour les faire bien augurer de leurs chasses, il faudrait que chacun eût vu en songe des ours dans le même canton. Mais, pourvu que cette faveur soit