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rentes dans chaque nation, que, pour ne pas donner trop d’étendue à cet article, on se borne à cet usage particulier des Iroquois : les plus anciens de la troupe guerrière font aux jeunes gens, surtout à ceux qui n’ont pas encore vu l’ennemi, toutes les insultes dont ils peuvent s’aviser. Ils leur jettent sur la tête des cendres chaudes. Ils leur font les plus sanglans reproches, ils les frappent, les accablent d’injures, et poussent cette comédie aux dernières extrémités. Il faut souffrir tout avec une insensibilité parfaite. Le moindre signe d’impatience ferait juger un jeune soldat indigne de porter jamais les armes.

Comme l’espérance d’éviter la mort et de guérir des blessures sert beaucoup à soutenir le courage, on prépare diverses sortes de drogues. C’est le soin des jongleurs de la nation. Un de ces imposteurs déclare qu’il va communiquer aux racines et aux plantes dont ils ont fait provision, la vertu de guérir toutes sortes de plaies, et celle même de rendre la vie aux morts. Il chante ; ses collègues lui répondent ; et l’on suppose que pendant leur concert la vertu médicale se répand sur toutes leurs drogues. Ensuite le principal jongleur en fait l’épreuve. Il commence par se faire saigner les lèvres ; il y applique son remède : le sang, qu’il suce avec adresse, cesse de couler, et les spectateurs applaudissent par des cris. Il prend un animal mort, et laisse aux curieux tout le temps de s’assurer qu’il est effectivement sans