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abondance dans toutes ces régions, ne servent qu’à donner une huile dont les sauvages se frottent, et qu’ils tirent plus ordinairement de la graine que de la racine de cette plante. Les patates, si communes dans les îles et dans le continent de l’Amérique méridionale, ont été semées avec succès dans la Louisiane. L’usage continuel que les nations du nord faisaient du pétun, tabac sauvage qui croît ici de toutes parts, a fait dire à quelques voyageurs qu’elles en avalaient la fumée, et que c’était une de leurs nourritures ; mais le P. Charlevoix traite ce récit d’erreur, et le croit fondé sur la sobriété naturelle de tous ces peuples, qui les fait résister long-temps à la faim. Il ajoute que, depuis qu’ils ont goûté de notre tabac, ils ne peuvent presque plus souffrir leur pétun : « article, dit-il, sur lequel il est fort aisé de les satisfaire, parce qu’avec un peu d’attention au choix du terrain, on en trouve de très-favorables à la culture du tabac. »

Après les soins domestiques, l’occupation des femmes, dans les cabanes, est de faire du fil des pellicules intérieures de l’écorce d’un arbre qui s’appelle bois blanc dans leur langue : elles le travaillent à peu près comme nous faisons le chanvre. Ce sont les femmes qui font aussi les teintures. D’autres s’exercent à divers petits ouvrages d’écorce, qu’elles ornent de figures avec du poil de porc-épic. Elles font des tasses et d’autres ustensiles de bois ; elles peignent et bordent des peaux de chevreuils ;