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menacés d’avoir une autre part au spectacle que celle de témoins. « Un de ces frénétiques entra dans une cabane où ils s’étaient réfugiés. Heureusement pour eux la crainte les en avait déjà fait sortir. Ce furieux, qui voulait les maltraiter, déconcerté par leur fuite, s’écria qu’il fallait deviner sur-le-champ son rêve ; et, comme on tardait trop, il l’expliqua lui-même en disant, je tue un Français : aussitôt le maître de la cabane jeta un habit français, que l’autre perça de coups. Mais alors celui qui avait jeté l’habit, entrant en fureur à son tour, protesta qu’il voulait venger le Français, et qu’il allait réduire le village en cendres. En effet, il commença par mettre le feu à sa propre cabane ; et tout le monde en étant sorti, il s’y enferma. Le feu qu’il y avait réellement allumé, ne paraissait point encore, lorsqu’un des missionnaires se présenta pour y entrer. On lui dit ce qui venait, d’arriver : il craignait que son hôte ne fût la proie des flammes ; et, brisant la porte, il le força de sortir ; il éteignit fort heureusement le feu, et s’enferma lui-même dans la cabane. Son hôte se mit à courir tout le village en criant qu’il voulait tout brûler. On lui jeta un chien, dans l’espérance qu’il assouvirait sa rage sur cet animal : il déclara que ce n’était point assez pour réparer l’outrage qu’on lui avait fait en tuant un étranger dans sa cabane. On lui jeta un second chien, qu’il mit en pièces ; et sa fureur fut calmée. »