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me ils le confondent avec le dieu qui précipita du ciel son aïeule pour s’être laissé séduire par un homme. On ne s’adresse aux mauvais génies que pour les prier de ne pas nuire ; mais on suppose que les autres sont commis à la garde des hommes, et que chacun a le sien. Dans la langue huronne, on les nomme Okkisik, et Manitous dans la langue algonquine. C’est à leur puissance bienfaisante qu’on a recours dans les périls et dans les entreprises, ou pour obtenir quelque faveur extraordinaire ; mais on n’est pas sous leur protection en naissant ; il faut savoir manier l’arc et la flèche pour l’obtenir, et les préparations qu’elle demande sont la plus importante affaire de la vie. On commence par noircir la tête du jeune sauvage, ensuite on le fait jeûner rigoureusement pendant huit jours, et dans cet espace son génie futur doit se manifester à lui par des songes. Le cerveau d’un enfant qui ne fait qu’entrer dans l’adolescence ne saurait manquer de lui fournir des songes ; et c’est sous quelque symbole qu’on suppose que l’esprit se manifeste. Ces symboles ne sont ni rares ni précieux ; c’est le pied d’un animal ou quelque morceau de bois : cependant on les conserve avec toute sorte de soin. Il n’est rien dans la nature qui n’ait son esprit pour les sauvages ; mais ils en distinguent de plusieurs ordres, et ne leur attribuent pas la même vertu. Dans tout ce qu’ils ne comprennent point ils supposent un esprit supérieur, et leur expression commune est de